Orties
Sans autre entrave que ma faiblesse sous sa force, mon orgueil à ne pas refuser un défi, ma peur de réveiller sa colère qui semblait endormie comme un vieux dragon paresseux mais qui veillait d’un œil, et ce plaisir, surtout, à sentir ma main captive de la sienne et à le suivre dans la forêt, à m’abandonner à sa destination.
Pas de corde, donc. Seulement un muret, et un ordre bref.
Pas de glu sur mes mains qui se sont plaquées sur les pierres.
Pas de menace pour que je reste immobile pendant qu’il me dénudait jusqu’à la taille.
Juste sa voix, ses gestes calmes, et le flux de son désir, comme une eau qui m'entraîne et me donne vie. Je n’ai pas compris tout de suite. Ce n’était qu’un effleurement. J’ai pensé qu’il cherchait à me chatouiller avec la ramure d’une branche, à me faire sourire ou frissonner.
Et puis j’ai ouvert la bouche comme pour hurler, tétanisée, le souffle coupé.
Alors ses mains, enfin, se sont posées sur moi.
Brûlure sur brûlure. L’une attisant l’autre, dans une escalade folle.
Et la périlleuse cime, le vertige du rare équilibre entre deux emportements opposés.
Il s’est avancé plus près. En frottant contre ma peau à vif, le tissu rêche de son jean m’a arraché un gémissement.
Il s’est penché, rapprochant sa bouche et son murmure de mon oreille, de mon cou, de ma nuque ployée.
- Tu veux que j’arrête ?
Si je n’avais pas été en train de grimacer de douleur, j’aurais sans doute souri, et soufflé quelques insolences sur le fait que parfois, je n'étais pas la seule à poser des questions idiotes.
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